Se préparer à accoucher en piscine

Psychologie magazine, sept 2010, Anne-Laure Vaineau

Se mouvoir facilement dans l’eau et se sentir légère, quoi de plus idéal pour une femme enceinte ? C’est ce que propose de leur offrir la préparation à la naissance en piscine, et bien plus encore. Cette méthode permet aussi de soulager les petits maux de la grossesse et de travailler sur la respiration, en vue de l’accouchement.


Comme pour son bébé, immergé dans le liquide amniotique, le rapport que la femme enceinte entretient avec l’eau est très particulier et souvent très fort pendant la grossesse. D’où l’attirance de certaines futures mamans pour la préparation à l’accouchement en piscine. Ouvertes à toutes les femmes, y compris celles qui ne savent pas nager, les séances sont encadrées par une sage-femme, accompagnée d’un maître-nageur. Elles se déroulent dans le petit bassin où chacune à pied, l’eau est chauffée entre 28 et 32 degrés. Au programme : exercices d’entretien corporel, travail sur l’apnée, étirements et relaxation.

Détente et légèreté

Les seules contre-indications à la préparation aquatique sont la menace d’accouchement prématuré et les infections vaginales. Un certificat médical est indispensable pour pouvoir débuter les séances.

Grâce à la pression hydrostatique, qui agit comme un massage sur le corps, les inconforts corporels de la grossesse sont diminués : les jambes sont moins lourdes, le sang circule mieux, le dos et les ligaments sont soulagés. Des bienfaits qui aident les futures mamans à se détendre. Plongées dans l’eau chaude, légères comme des plumes, les femmes enceintes se sentent comme enveloppées et rassurées. Un contexte qui leur permet de vivre des sensations nouvelles : l’impression d’être en harmonie, en symbiose avec leur bébé.

Dans cette atmosphère de détente et de bien-être, elles partagent un moment de relaxation, loin de l’aspect théorique des séances de préparation classique. « Moi qui ne suis pas très sociable, confie Clémence, jeune maman, j’ai aimé échanger avec les autres femmes enceintes pendant les séances de piscine. Nous étions beaucoup moins stressées que pendant les cours classiques, nous ne passions pas notre temps à nous poser des questions et à nous angoisser. » Dans l’eau, les femmes recherchent avant tout à se vider la tête. « La préparation en piscine est bien plus un temps de rencontre qu’un temps de réflexion » résume Benoît Le Goedec, sage-femme et auteur de La préparation à l’accouchement (First Editions). Ce qui n’empêche pas un temps d’information en fin de séance bien sût, pour que le terme de préparation prenne tout son sens.

Un travail physique et respiratoire

Le choix de la préparation aquatique à la naissance est d’autant plus judicieux si la maternité dans laquelle on souhaite accoucher dispose d’une baignoire en salle de travail, ou, mieux encore, propose des accouchements dans l’eau. Dans tous les cas, les postures travaillées en piscine trouvent toujours leur équivalent sur terre.

Anneaux, planches, frites, tapis ou toupies… Aidées du matériel adéquat, les futures mamans assistent en petits groupes à des séances qui durent en moyenne une heure trente. Celles-ci débutent généralement par quelques exercices d’échauffement. L’objectif : travailler les pectoraux, les bras, les jambes, et surtout, le périnée. « Mais il n’est pas nécessaire d’être une grande sportive, assure Benoît Le Goedec, seulement d’éprouver un certain plaisir à être dans l’eau, et avoir envie de faire un peu d’exercice physique. Exercice grandement facilité par la flottaison du corps dans l’eau, qui permet une meilleure mobilité. » Ainsi, la piscine se révèle être un bon accompagnement corporel de la grossesse : alors que la pratique de nombreux sports est proscrite pendant ces neuf mois, cette possibilité de pouvoir maintenir son corps en activité par quelques mouvements d’entretien est une aubaine.

La séance se poursuit ensuite par un travail important sur la respiration, lequel est mis en relation avec les différentes phases du travail : les contractions, le repos, et les poussées. Grâce aux exercices d’apnée, les femmes apprennent à optimiser leur souffle. Ce qui leur sera bien utile lors de l’accouchement. Enfin, les séances se poursuivent par un temps d’étirements musculaires.

Prendre conscience de son bébé

Renseignements et infos pratiques auprès de la Fédération des activités aquatiques d’éveil et de loisirs (FAEL) sur le sitewww.fael.asso.fr

« Le temps de relaxation, en toute fin de séance, est le moment que j’ai vraiment préféré », confie Clémence. Elle, qui venait aux séances pour conserver une activité physique, découvre que l’immersion lui offre une nouvelle possibilité de communiquer avec son bébé. « Après s’être agitée dans tous les sens, on se relâche, on se laisse porter par l’eau, soutenues par les boudins. Et là, on peut vraiment se concentrer sur nos sensations et ressentir les mouvements de son bébé. » Un bébé qui, à ce moment, se révèle souvent bien actif. Et si l’intérêt de l’eau semble surtout symbolique, il est pour autant bien réel. « L’enveloppe aquatique dans laquelle la femme se retrouve à son tour, tout comme son bébé, lui permet de prendre vraiment conscience de son bébé, et de sa présence » explique Benoît Le Goedec.

« Finalement, conclut Clémence, la piscine est une préparation vraiment complète. Physique sans être sportive, informative sans être angoissante, relaxante sans être trop introspective. Avec en prime : un temps pour renforcer les liens avec son bébé. » En somme, bien plus que ce qu’elle en attendait.