Semaine de l’allaitement maternel : « Nourrir son bébé sainement et gratuitement »

Anne Rakotomanana, bénévole à SOS Allaitement 76, est mère de trois garçons de 12, 9 et 2 ans. Elle compte cinq ans d’allaitement cumulés. (©Le Journal d’Elbeuf)

La Semaine mondiale de l’allaitement maternel fixée par l’Organisation mondiale de la santé se tient chaque année du 1er au 7 août. Au cours de cette semaine, l’association SOS Allaitement 76 tiendra, ce jeudi 03 août 2017 à 16 h, une rencontre à ce sujet au magasin Les Robins des Bio, à Elbeuf. Anne Rakotomanana, 36 ans, bénévole à l’association, a accepté de répondre à nos questions sur la pratique.

Pourquoi privilégier l’allaitement maternel ?

Le lait maternel est le lait idéal pour tous les bébés. Il est adapté à ses besoins peu importe son âge, il est très digeste (digéré en 20 à 30 minutes) et contient tous les nutriments essentiels à la croissance. Il permet de nourrir son bébé sainement et gratuitement et il est toujours prêt, disponible, à bonne température. Il est riche en anticorps, ce qui permet aux bébés d’éviter bon nombre de maladies, et peut également sur le plus long terme diminuer les risques d’allergie, de diabète, d’obésité. Pour les femmes allaitantes, l’allaitement permet de diminuer les risques de développer un cancer du sein, de l’ovaire, et de l’ostéoporose.

Pour bien démarrer son allaitement, la première tétée doit être donnée le plus tôt possible après la naissance, idéalement dans la première heure. Ensuite, la maman allaitante doit se faire confiance, elle est la personne qui connaît le mieux son bébé et ses besoins. Finalement, les tétées doivent se faire à la demande. Mesdames oubliez vos montres.

Est-ce déconseillé en cas de maladies génétiques ou de certaines pathologies ?

Les maladies génétiques ne sont pas un frein à l’allaitement. Si la mère est malade, elle peut continuer à allaiter si elle veille à ce que le traitement médical soit compatible avec l’allaitement. Si c’est une maladie grave, il faut voir avec son médecin, ou une consultante en lactation.

Combien de temps faut-il allaiter ?

L’OMS préconise un allaitement exclusif jusqu’aux 6 mois de l’enfant et un allaitement ajouté à une alimentation diversifiée jusqu’à 2 ans et plus. Allaiter jusqu’au sevrage naturel est la meilleure façon de l’accompagner dans les premiers mois de sa vie tant au niveau alimentaire qu’au niveau de la construction de la relation mère/enfant, de sa construction neurologique. C’est aussi très économique.

Qu’est-ce qui peut compromettre la pratique de l’allaitement maternel ?

Le premier frein à l’allaitement maternel est souvent le regard posé par la société sur cette pratique. La génération des mères actuelle a été élevée au biberon et la pratique de l’allaitement ne s’est plus transmise de mère en fille. Il y a aussi le manque de formation des professionnels de santé sur le sujet et la durée trop courte du congé maternité. Il faut minimum un mois pour que l’allaitement se mette bien en place et quand tout commence à bien se passer, la maman doit reprendre le travail.

Quelles solutions adopter pour soutenir l’allaitement maternel ?

Un congé maternité plus long et une meilleure formation des professionnels de santé. Il faut aussi des campagnes de promotion et des espaces permettant d’allaiter en toute tranquillité dans les lieux publics. Enfin, des associations de soutien dans les maternités, afin de permettre aux mamans d’échanger entre elles.

Que pensez-vous du débat de la pudeur ?

Je pense que c’est un faux débat. Personne ne débat quand une femme est seins nus sur la plage ou dans une publicité pour un produit d’hygiène. Les seins des femmes ont été détournés de leur usage premier, qui est de nourrir les bébés. Est-ce choquant de voir un bébé boire un biberon dans un lieu public ? Je trouve ça tout aussi choquant, même plus, que de voir un bébé se nourrir naturellement au sein de sa mère. Et il est tout à fait possible de donner la tétée discrètement.

L’allaitement maternel fait partie de l’éducation bienveillante dont vous respectez les principes. Pouvez-vous les expliquer ?

C’est un sujet qui allie communication non-violente et parentalité positive. Cela consiste à élever son enfant en le respectant, sans violence, sans fessée, dans le respect de ce qu’il est, en accueillant et respectant ses émotions. Ce n’est pas du laxisme car il y a des règles établies, communes à tous les membres de la famille. Il est possible d’interdire des choses, en expliquant pourquoi. Ainsi, les enfants deviennent autonomes et responsables, en respectant ce que chacun est. L’allaitement maternel, le portage, le maternage sont des outils permettant l’éducation bienveillante dès la naissance.

Comment SOS Allaitement peut aider les femmes dans leur pratique ?

Nous soutenons l’allaitement maternel et la parentalité positive. L’objectif est d’informer, écouter et soutenir les mamans qui allaitent ou qui veulent allaiter. Chaque mois, nous proposons des rencontres allaitement et maternage gratuites, dans des maternités et aux Robins des bio à Elbeuf.

Propos recueillis par Adèle Gireau

Source : https://actu.fr/normandie/elbeuf_76231/semaine-lallaitement-maternel-nourrir-bebe-sainement-gratuitement_11433026.html